L'Architexte

Dehors

Au delà des murs, après les faubourgs, advient toujours au moment où l'on s'y attend le moins le lieux du Vide, l'endroit qui nous fait dire "Je suis perdu".
Terre de l'oubli, cette  grande étendue moite est le lieu où même la lumière se fait discrète de peur de réveiller la terreur archétypale de l'abandon.
Rappelez vous la frayeur enfantine que nous éprouvâmes tous, le jour où, sans faire attention, nous nous retrouvâmes seul, sans main à tenir, constatant avec effroi que sous nos pas le chemin s'était dérobé.
Dans l'eschatologie des peurs Humaines, ce sentiment d'abandon est un Monstre qui toujours rôde  aux alentour de nos  Assurance d'adulte.
C'est un lieu mouvant qui migre des greniers jusqu'aux caves, du fond des forets aux déserts sans horizon, du milieu des océans aux marais parés de brumes

On y a Peur d'avoir Peur.

PS : Chiche de relire Lovecraft ce soir ?

Désordre public

Je dehors ou tu dedans,    ...
A dos des clôtures, au raz des soubassements, je doute dans une soudaine panique de l'exact limite entre  la pudeur et l'exhibite.
Je me fait poreux  sans maîtrise aucune, je me laisse dépasser, où est le "privé", suis-je en ton "public"...

Bouche - mode d'emploi

Commencez votre  journée à l'évidence d'une Faim pour bien la finir à l'appétence d'une Soif

Lumière d'Agonies

Cascadant d'un "en haut" jamais élucidé,  un troupeau  de photons vient mourir furieusement -mais sans bruit- à l'aune de la stupide  planéité d'un mur : ce collectif suicide éclabousse l'iris d'une fine pluie de particules d'or.
La pierre de Paris,  calcaire antéludien,  a la tendresse de donner aux particules condamnées une sépulture d'éternité - Aux morts le mortier.
Elle garde  ainsi à coeur d'hourdis la mémoire de chacune des journées ensoleillées de la Lumière Capitale.

Absent aux paturages

A force de trop parcourir la rue, d'abuser de la place, d'user la vitrine, je fini par avoir la patte empoussiérée et le poumon encombré des scories de la foule.
Vite un refuge.
Aux terrasses intérieures d'une brasserie en toc, je commande un kawa dont la crème est antique  (volutes corinthiennes se forment quand on y touille ).

Je  sort le crayon, ou parfois c'est la plume.
Et pour le coup, en contre-point de la ville qui me suffoque, je couche une campagne au seuil de ma page.

Putain il faut VRAIMENT que je me barre 2 / 3 jours avec un maximum d'arbres autour de moi.

Voeux

Avoir le sol pour patrie, promener son atmosphère, faire de l'asphalte un glacis d'air, en tartiner la surface d'un pas qui glisse.

De ces jambes faire deux vecteurs aux géométries équilatérales : à la somme de vos foulées, enlevons la parenthèse de mon dos qui se tourne.

Ô faites que le seul voyage véritable que l'on fasse soit celui qui consiste à tourner la tête pour Vous voir, Tous, là. A l'amour de mon regard.

Bâtisse d'Oxydant.

Ai toujours rêvé, en bon athée, de concevoir une Église. Faire la nef d'une procession. Inviter au Narthex. Offrir un bas coté à l'espérance des Chapelles. Modeler un écrin qui, amoureusement, adoucisse la lente agonie de l'écho d'un pas. On y aurait vu la force des pinacles assoir l'emprise d'un jubé. Il y aurait fallut la Lumière d'une lancette, Vive de contraste, pour Pardonner le Sombre d'un triforium.

Le délicat des Statuaires aurait pu s'y affiner à l'oxyde de ma Foi Infidèle.

Jeux de paume

Note pour mémoire :

Ne pas se brider l'impulsion quand elle vous assaille

Impasse des moussaillons

Et je rêve à nouveau d'une ville en maritime, Nef traumatique de voyages silencieux aux quartiers-paquebots.
Elle viendrait à l'escale de cette rue,  nos toits sur  son eau-vive , nos murs sous  ses eaux-mortes

Quoi c'est ça ?

Bon, alors, ça serait quoi pour toi la liberté ? - la liberté ? je sais pas, peut être.... non, ... non je ne sais pas. Ou alors peut être que c'est juste un endroit, peut être que c'est une salle, oui ... peut être. Une pièce, simple mais ... mais aussi qu'on arriverai pas à saisir en entier. Et aussi qui aurait de la lumière, plein... toute une famille. des tamisées. des vives. des timides. des qui caresse l'iris, et des qui font cligner. - Bon, et ça, c'est quoi ça ? - ça ? ce dessin ? - oui, ce dessin.

- Ah ça. Ben c'est la mienne. de liberté.

Aux souches des bistrots

Il y a des foyers dans nos rues, des feux de ralliement.

Antres matinales, où se côtoient des arbres solitaire, des sans familles. Ils viennent plonger les racines de leur quotidien à la source d’un oubli-souvenir.
Ils se dressent en bosquets à la rive d’un Zinc dont la couleur vieux-soleil s’injecte au jaune de leur pupilles.  Et cette plane surface aux milles écorchures à le lisse d’un pont, jeté entre leurs flancs.

L’alcool en Sève à rebours  suinte le Verticale de leur œsophages : Nous sommes tous des arbrisseaux, des bouquets d’humanité, des ramures assoiffées.
On a les gobelets que l'on peut : chacun son verre, chacun son chagrin, chacun son ivresse, chacun son matin.
Nos regards de silence avalent en coups d'oeil rapides les flaques que font nos solitudes quand elles cantonnent nos verres.

Il y a des envolées de tournées, ces grandes migrations de nos soifs abyssales qui tracent des voyages à la géométrie de ligne de métro.
Parés  des vertus d'une odeur de vaisselle, on s'y nettoie la bouche d’un feu sans étincelles.

Puis l'on ponctue notre présence  d'un son de timbale , bruit final que fait la piécette quand elle accouche de notre Au Revoir.

Urban Groove

Il à ouvert la porte, l'a franchi. C'est arrêté 1 minute pour ajuster son panama, a scruté la rue à gauche, à droite.... Puis c'est lancé tranquil dans le lit de la rue. La classe.

La morsure du bas degré

Le froid est un serpent à la souplesse de cristal. Il enserre ses victimes d'une peau de toile émeri, et assèche leur âme d'une morsure bleu de nuit. Condamnés au silence, elles lancent des appels au secours dont les échos se lisent à l'épiderme : crevasses, peau de sable, cuir de solitude.

J'ai croisé hier au soir, dans la pénombre d'un square que le gel avait transformé en pénitencier des chaleurs déchues, un Arbre dont le tronc venait de tombé dans les mâchoires du monstre. Son écorce me l'a dit :  l'Enfer a la couleur d'une Gerçure.

à fouler

Liam Gillick, Palais de Tokyo, oeuvre : "Texte court sur la possibilité de créer une économie de l'équivalence". Un espace dont le sol est d'un parement et à la couleur anthracite neutre. Dessus, une fine couche de paillettes couleur magenta "glitter". Cet espace est à traverser obligatoirement pour voir la suite de l'expo. Et donc est parcouru, piétiné, foulé.

Les effets : 1. Accumulation des traces laissées par les pas des visiteurs successifs : présence / absence de la poudre rosacée produisant un motif aléatoire et au final régulier, homogène. 2. Invitation à l'inscription au sol, au message anonyme et éphémère, tentative de chacun de laisser une trace de soi, sur cette plage sans océan au sable décadent. 3. En poursuivant leur visite de l'expo, chacun emporte sous ses semelles une portion de paillettes, qui au final finissent par se déposer dans le reste des espaces d'exposition. Oeuvre Évolutive, Oeuvre Interactive, Oeuvre en expansion, en débordement.