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A tout les commanditaires de ces "pavillons" dit "de lotissement", j'adresse ce coup de gueule où je souhaite qu'ils puissent voir toutes la tendresse sous-jacente que j'ai pu y mettre à leur égard :
Vos maisons, ces voraces projets d'investissement immobilier qui accessoirement vous servent de lieux de vie familiale, me retournent l'estomac autant qu'il désespèrent la petite part que j'ai de bon sens. Sachant l'inutilité de la diatribe je ne peut m'empécher pourtant de sourire tristement quand je pense au dégout presque physique que je ressent quand je pose le regard sur ces "maisons" que vous achetez comme on fait ses courses en grande surface auprés du marchand-lotisseur du coin, que vous allez consulter avant tout pour choisir un produit financier, qui prendra le pas sur le projet qu'il est normalement sensé servir : un lieux qui la fois vous abrite tout en vous mettant en rapport avec le "grand autre" : le monde, autrui.
Je suis à la limite fasciné par cet aveuglement qui vous fait trouver normal de loger dans une construction qui cumule :
La laideur discréte fait de l'absence de culture architecturale, du soucis inconscient le plus souvent que vous avez d'exprimer dans les formes de ces pavillons avant tout une position sociale ainsi qu'un fantasme pueril -héritage inconscient de la bourgeoisie du second empire qui elle même, prenant la place de l'aristocratie de l'ancien régime, en singea les modes de vie ainsi que les lieux d'habitat- de reproduire le modèle du chateau-résidence du XVIIIème, dans son rapport distancier Chateau / jardin / campagne.
Vous en reproduisez ainsi la typologie en centrant votre maison en milieu de terrain (vous n'avez souvent pas le choix puisque les réglements de lotissement vous l'impose), contribuant ainsi à produire de la distance et donc de la rupture entre vos propres constructions, à consomer ainsi l'espace de la collectivité, contribuant en celà à déconstruire le lien social, tout en imposant la tumeur du lotissement au paysage agonisant sous le poid de votre étallement.
Le plus triste est peut être votre aversion à "prendre " -comme l'on dit- un architecte pour vous assiter dans ce projet : vous lui reprochez le surcoût qu'occasionnera ses notes d'honoraires.
N'est il pas triste de voir comme vous dépensez allegrement en jouissance enfantine pour l'installation des prestations dites " de standing" comme peuvent l'être la commande automatisé de l'ouverture du garage, les sérrureries en laiton où cuivre de faux style empire ou roccoco, où même le sauna et la baignoire à jet dans la salle de bain, et qu'en même temps, vous rechignez à envisager la dépense induite par l'assitance d'un architecte dont vous ne voyez pas que la "valeur ajouté" vale le centuple de ce standing "toc", en vrac :
Le travail sur l'adéquation entre l'espace domestique que vous projetez et le mode de vie qu'il induit, la capacité de celui-ci à ménager dans le choix du positionnement de vos fenêtres les vues les plus intelligentes en fonction de votre terrain, de graduer la lumière qui s'infiltrera chez vous en de subtils degrés, du plus violent au plus étheré. Dans un soucis uniquement comptable, sa capacité à vous faire économiser de l'argent auprés des entreprises en sachant avec exactitude faire la part entre les dépenses justifiées et celle plus accéssoires.
Ce plaidoyé, croyez le bien, est d'un désintéressement total, mon activité actuelle d'achitecte auprés d'une collectivité locale est incompatible avec l'activité libérale. Je ne cherche aucunement à agrandir je ne sais quelle clientelle.
C'est juste que parfois, ca va mieux en le disant.
PS : Et ne cherchez pas à me donner des contre-exemples au sujet d'architectes qui n'auraient pas été à la hauteur de ce que vous attendiez d'eux : d'abord, il y a des incapables dans toutes les professions, et quand bien même : je continue à penser que la "maison individuelle" est devenu un produit, et non plus un objet de culture : en là réside le mal.
Avec toute mon affection.
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Niché au plus haut de mon rêve déraison, dans une maison qui n'est qu'appartement, j'ai le corps éperdument seul et regarde étonné comment la foule du quartier me dilue la surface, me ronge à coup de regards fuyants.
J'observe, anonyme, la manière dont elle me pousse - couche aprés couche - à rentrer dans mes derniers retranchements.
Et c'est pourquoi je m'enfuis en couleur d'onirisme.
Sous la violence du bruit de quinte de toux que fait le rêve quand il me germe, je regarde la masse humaine m'expectorer de son sein comme on crache un noyeau.
Et de germe en rameaux, et de rameaux en feuilles, j'ai la récolte heureuse quand poussent ces fruits : Mes Châteaux de froide saison.
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