Toute les semaines, deux fois exactement, je me rend rue P… à la même heure matinale, précise, métronomique.
La conscience méticuleusement aiguillonné par la peur d’un retard, j’assure ce rendez-vous qui voit mes pas gravir cette rue jusqu’à son terme pentu.
Au numéro 75, je fait face au porche et essaye de m’assurer qu’aucune autre personne pourra m’y voir pénétrer - et lorsque ce n’est pas le cas, je fait mine de poursuivre mon chemin et prend la première à droite par trois fois, ce qui me permet de retrouver le même endroit mais quelques minutes plus tard et, généralement, à ce moment, l’importun à disparu.
A ce moment précis, bon… je me trouve dans l’obligation de poursuivre - poisson au seuil de l’anémone... il n'y a rien à faire d’autre que d’y aller.
Pour faire passer l’amer pilule de cette petite peur qui -toujours- à ce moment me ceint le torse et lui rend difficile sa tache respiratoire, j’use d’un artifice, un rituel futile. Je ferme les yeux, compte comme ça jusqu’à neuf dans ma tête, puis enfin me décide à composer le nombre à 4 chiffre du digicode qui libèrera le passage du porche.
Toutes les semaines, deux fois précisément, je fait cela.
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