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Il m'arrive parfois
(bon, d'accord : souvent... c'est compulsif en fait)
de suivre apparemment au hasard des personnes dans la rue
J'emboite leurs pas pendant 10 secondes, 30 secondes, parfois une minute, rarement plus.
Comme on se penche au rebord d'un balcon pour regarder quelqu'un en contrebas, à son insu.
Pas du tout comme a pu le faire Sophie Calle dans ce qui devint la Suite Vénitienne, ici point de filature, point d'enquête, la poursuite n'est pas au service du point d'exergue que constitue la rencontre finale avec la personne suivie.
Non, juste de manière pulsionnelle, celle de calquer sa marche -au rythme prêt- à celle d'un étranger, sans autre but que ces quelques secondes d'enchâssement de ma marche dans la leur.
Durant ce laps de temps, j'éprouve l'étrange sentiment de l'abîme qui me sépare d'eux
Et quand, aussi proche que je puisse être de leur corps, ce sentiment devient par trop vertigineux, quand mon regard n'en peut plus de mesurer la distance qui me sépare d'eux, je décroche mon rythme du leur.
Comme on perd une enfance
Comme on lâche une main
En silence.
Rédigé à 23:59 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Une vitre,
Ce n’est pas amicale une vitre
Un mur peut l’être lui.
C’est chaud un mur, le corps le sent bien lorsqu’il veut s’y nicher, se blottir en forme d’œuf au bas du creux entre sa naissance et le sol.
Mais une vitre, c’est – au-delà de son évidente froideur – le contraire d’un lieu d’accueil : Qui voudrait s’y réfugier ?
Substance sans repère, à quelle aune pourrait-on s’y nicher ?
C’est le drame des substances sans texture, … la texture, c’est le verbe donné à la matière, un discours amical qui parle à la peau, aux yeux ...
Rédigé à 22:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Rédigé à 11:49 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Et puis après, je me retourne et il ne reste plus que ta chaise.
Et tu n’es déjà plus là, partie sans laisser même planer dans l’air le bruit du froissement des feuilles qu’obligatoirement tu auras foulé.
Et moi… obligé, je stagne. Obnubilé par tant d’absence. Figé par la presque-beauté de tes lendemains sans moi
Mais il reste, que tu le veuille ou non,
Le tintement des cordes à linges lestées par le lourd d’un linge propre
La lumière chafouine qui cligne des yeux sous la voute arbustive,
Et la parole chuchoté d’un vent qui brise –définitif- les mots que tu as cru bon de me laisser
Rédigé à 00:04 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Coup de fil à Corinne ce soir.
Je prends des nouvelles d'elle comme on regarde à une fenêtre, pas "comme ça en passant", mais juste a distance, pour voir la couleur du temps, sentir si l'air est épais et mystérieux ou bien simplement clair et brillant.
De loin, elle se dit. Elle décrit son froid et me montre les rougeurs qui s'assoient dans certains petits creux de ses mains, de son cou, de sa vie.
Et je rajuste mon col dans le silence métallique que fait le bruit de fond de la ligne téléphonique.
Rédigé à 23:21 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
La première fois que j’ai saisis une plume pour essayer -maladroitement- de "bien écrire", ce qui m'a le plus saisi, ce qui est resté à jamais gravé à deux de mes creux -de l’oreille, de la paume- c'est la double sensation de bruit – frotti d’une cigale métallique contre la fibre de bois- et la vibration nerveuse qui résulte de la nervosité intrinsèque à l'aigüe de la plume quand elle embrasse la rêche joue du papier.
Rédigé à 00:23 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)