Il y a tant de corps,
Il y a tant de regards.
C’était il y a trois ans. Ou quatre. On est parfois tellement attentif à conserver le contenu d’un souvenir qu’on en oublie la date.
Mes « voisins du dessous » d’alors : un couple âgé.
Très.
Ils avez atteint ce point où le corps lâche.
Le corps, lâche, double la mise quand il est l’heure d’être vieux : non seulement la volonté est impuissante, mais la fierté empêche parfois de s’ en rendre compte. Ou même de l’admettre.
Seul dans un corps qui stagne, tragique naufrage à l’immobilité d’un corps plat comme une flaque
Seul dans la foule. Aussi.
double peine quotidienne.
Alors évidemment le petit vieux a fini par venir taper son besoin d’aide à ma porte.
Mais vingt quatre heures lui avait été nécessaire avant qu’il ne s’autorise à venir me dire que sa vielle était tombé, et que son corps de vieux à lui était trop lâche pour lui venir en aide à la relever son corps à elle.
Je lui ai passé les mains sous les aisselles, à la vieille, pour la lever, et je l’ai senti.
Ce lointain écho d’une jeunesse caché
Dans la cambrure d’un cou.
Dans la nerveuse grâce d’une main délassée.
à peine. Une esquisse, mais c’était vrai je l’ai bien senti, je n’ai pas eu de vision. ou alors une belle.
La jeunesse est une belle noyée que l’on découvre au matin, ramenée par le ressac d’un mer décharnée.
Puis qui l’éloigne et la reprend à la fin.
Et l’on regarde la chose que l’on fût devenir l’horizon.